Festival de Rotterdam | Critique : Dead Talents Society

Une jeune fantôme qui n’a pas confiance en elle devient la protégée d’une diva spectrale qui lui apprend à vraiment effrayer les humains.

Dead Talents Society
Taïwan, 2024
De John Hsu

Durée : 1h50

Sortie : –

Note :

FAIS-MOI PEUR

Combien d’histoires de fantômes avez-vous entendues dans votre vie ? La question posée au début de Dead Talents Society s’adresse également à nous, public. On peut, sans trop de risque, dire que l’histoire de fantômes racontée dans Dead Talents Society est assez singulière. Dans sa comédie horrifique, le Taïwanais John Hsu (remarqué avec le succès Detention, resté inédit dans les salles françaises) crée toute une société de l’au-delà où les fantômes, pour « survivre », doivent faire leurs preuves et apprendre à effrayer les vivant.es. Vous connaissez telle ou telle légende urbaine ? Elles mettent probablement en scène les fantômes tels qu’on les voit dans Dead Talents Society – les spectres connaissent leurs classiques et savent quand et comment vous faire crier.

La mise en scène dynamique de Hsu, la direction artistique léchée et l’humour clownesque donnent au long métrage un punch et un éclat appréciables – même si le rythme frénétique, un peu trop sur la même note, finit paradoxalement par aplatir la narration. Qu’importe, l’esprit reste le bon. D’abord quand ce film malin débute comme un remake spectral de All About Eve, ensuite quand il établit un parallèle ironique entre le monde des mort.es et le monde des vivant.es. Même après la mort, les âmes perdues doivent continuer à performer ; même après la mort, les personnes les plus timides ont encore besoin de validation. Les règles avant ou après le dernier souffle restent les mêmes, l’absurdité comique dans l’au-delà est le reflet de l’absurdité tout court de notre réalité.

Très habile en ce qui concerne la bonne idiotie, Dead Talents Society s’appuie également sur un casting de qualité. La jeune Gingle Wang, que Hsu a dirigée dans Detention, apporte candeur et ingénuité à son antihéroïne godiche, tandis que Chen Bolin (repéré il y a une vingtaine d’années dans Blue Gate Crossing) compose un coach à l’irrésistible charme ridicule. Mais la plus grosse part du gâteau est la composition camp de Sandrine Pinna en Bette Davis des fantômes, femme fatale aux coiffures impeccables, apparition glamour et lassée dans ses robes à motifs exquis. Généreux et coloré, Dead Talents Society jouit d’un évident quotient sympathie.

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par Nicolas Bardot

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