Festival de Rotterdam | Critique : Dead Lover

Une fossoyeuse solitaire cherche à réanimer son amant décédé.

Dead Lover
Canada, 1h22
De Grace Glowicki

Durée : 1h22

Sortie : –

Note :

MES HOMMAGES

Certains mythes horrifiques ont la peau très dure et n’en finissent pas de renaitre et remourir sur nos écrans pour notre plaisir. Mais comme nous le démontre ce conte macabre, il existe plusieurs manière de ressusciter quelqu’un. La Canadienne Grace Glowicki (qui est ici à la fois réalisatrice et actrice principale) prend ici un chemin opposé, par exemple, à l’élégance glacée et révérencieuse du récent Nosferatu de Robert Eggers. Si Dead Lover s’inspire directement de Frankenstein de Mary Shelley, son hommage est joyeusement rebelle à plus d’un titre.

On en a vu des films d’horreur sur des fossoyeurs, mais combien sur des fossoyeuses ? C’est loin d’être là l’unique contrepied proposé par ce film où butchs et drag kings se charment et s’entretuent en faisant des rimes. Ici les hommes sont des poètes chétifs voilés de frou-frou tandis que l’héroïne se coltine les travaux physiques et la puanteur propre à son métier. Ce basculement est souligné par l’idée jubilatoire de faire jouer la plupart des acteurs en drag. Du preux chevalier à la sorcière commère, aucun interprète n’a l’air d’être du genre attendu, tant mieux.

Dead Lover est un film tout en artifices et bricolages faits maison. Devant un fond noir, les personnages et les (quelques) décors sont éclairés de spots colorés qui donnent une impression de théâtre minimaliste et underground, délibérément cheap dans le sens le plus punk du terme, un peu comme du Guy Maddin de poche.

Avec ces gags absurdes et ses bruitages zinzins dont la grammaire évoque moins le sérieux de la Hammer que la précieuse débilité des cartoons (de la fumée sort des oreilles de l’héroïne quand elle s’énerve), Dead Lover évoque la rencontre improbable de Thérèse d’Alain Cavalier et d’un épisode queer de Pas de pitié pour les croissants. Dead Lover n’est peut-être pas le plus respectueux des hommages mais cette inclassable vignette pleine de mauvais esprit n’en est que plus drôle et attachante.

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par Gregory Coutaut

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