A New-York, un salon de massage chinois sert de refuge à Didi, Amy et leurs amies. Loin de leur pays d’origine, elles forment une vraie famille. Quand Didi disparaît, Cheung, son amant, tente de trouver avec Amy l’espoir d’une nouvelle vie…
Blue Sun Palace
États-Unis, 2024
De Constance Tsang
Durée : 1h56
Sortie : 12/03/2025
Note :
SOLEIL GRIS
Blue Sun Palace est le premier long métrage de l’Américaine Constance Tsang, dévoilé au dernier Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique. Elle y compose un récit dont les figures lui sont familières : Blue Sun Palace se déroule dans la communauté chinoise du Queens dont elle est originaire. Dans l’espace clos des endroits où l’on chante au karaoké, où l’on bouffe et où l’on pratique des massages, l’adresse, la ville ou le pays ne sautent pas immédiatement aux yeux. Le décor est davantage dépeint par l’environnement sonore, qu’il s’agisse de la musique dans le salon ou les bruits d’une fête dans la rue.
La caméra de Tsang est d’abord à distance, elle observe dans un coin les discussions quotidiennes, elle peut être posée au sol ou derrière un rideau. Cette pudeur vole en éclats lorsqu’un terrible drame arrive. La caméra se fait alors plus proche, mais aussi plus mobile. S’il y a de la douceur dans Blue Sun Palace, il y a aussi de la douleur et de l’amertume. C’est un salon de massages, ce peut être aussi un lieu de violence, avec une scène qui fait écho aux agressions racistes touchant les personnes asiatiques ou asio-descendantes dans le monde post-covid.
Au casting du long métrage figure Lee Kang-Sheng, acteur fétiche de Tsai Ming-liang. Voilà un visage qui, par l’imaginaire de cinéma qu’il charrie, évoque la solitude, le lien et l’absence de lien. La peine est irrésolue, et, dit-on, « les gens qu’on aime deviennent si vite des étrangers ». Les protagonistes ont en effet des parcours au relief inattendu dans Blue Sun Palace, avec un deuil qui n’est pas forcément exprimé comme on l’attend. La réalisatrice cite, parmi ses cinéastes admiré.es, le Chinois Lou Ye (et notamment Suzhou River). On retrouve effectivement cette aspérité, ces sentiments contrariés et une forme de grâce dans ce délicat long métrage.
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par Nicolas Bardot