Rio, 1971, sous la dictature militaire. La grande maison des Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux, de rencontres. Jusqu’au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens, le père de famille, qui disparait sans laisser de traces. Sa femme Eunice et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité…
Je suis toujours là
Brésil, 2024
De Walter Salles
Durée : 2h15
Sortie : 15/01/2025
Note :
MAIS JE SUIS LÀ, N’OUBLIEZ PAS
Que ce soit lorsqu’il s’attache à dépeindre la réalité sociale de son pays (comme dans Central do Brasil, qui l’a révélé internationalement en 1998) ou lorsqu’il adapte des classiques de la littérature étrangère (Sur la route), le cinéaste brésilien Walter Salles fait preuve d’un même sens du romanesque grand public. Même lorsque ses récits se font graves comme c’est le cas dans ce nouveau film, il place l’accent sur une empathie forte, davantage que sur une éprouvante tension ou une écriture radicale. Directement inspiré par l’enlèvement de Ruben Paiva par la dictature militaire en 1970, Je suis toujours là est sans doute son film au sujet le plus ouvertement politique, mais en racontant les faits à travers le regard de la famille de Paiva, Salles signe une œuvre dont la dimension humaine prime sur le reste. C’est une qualité bien sûr, mais c’est aussi une limite.
Je suis toujours là commence en effet comme une chaleureuse carte postale venue du passé, le portrait d’une famille presque agaçante à force de bonheur. Ce ne sont pas les mystérieuses affaires de l’adorable papa qui vont l’empêcher de lancer une partie de babyfoot aves ses enfants en pleine nuit, du moins jusqu’à ce que l’injustice vienne directement frapper à leur porte. Cette introduction s’attarde un peu trop pour être la partie la plus palpitante de l’ensemble, qui démarre pour le coup réellement avec l’enlèvement.
A partir de là, Je suis toujours là se concentre sur le personnage de l’épouse et devient ce que le cliché impose d’appeler un-magnifique-portrait-de-femme-digne. Ce personnage de mère courage possède par moments quelque chose de presque trop idéal qui ferait craindre l’artificialité : à une gifle près, elle ne perd jamais patience face à ses enfants, et elle pardonne à celles et ceux qui ne peuvent pas l’aider. Lauréate du prix d’interprétation à Cannes en 1986 pour Parle-moi d’amour, Fernanda Torres fait preuve de suffisamment de talent pour rendre cette héroïne vivante et nuancée, et pour apporter au film sa dimension vibrante.
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par Gregory Coutaut