Festival de Busan | Critique : Montages of a Modern Motherhood

Jing vient d’avoir un bébé. Sa vie s’en retrouve bouleversée et la jeune femme doit affronter de nombreuses difficultés.

Montages of a Modern Motherhood
Hongkong, 2024
De Oliver Siu Kuen Chan

Durée : 1h52

Sortie : –

Note :

MAMAN, RIEN N’EST PLUS COMME AVANT

Chaque geste et chaque plan au tout début de Montages of a Modern Motherhood semblent raconter un rituel quotidien. La Hongkongaise Oliver Siu Kuen Chan filme dans un premier temps des accessoires pour bébé tandis qu’on peut entendre des voix, avant que la mère et son enfant n’apparaissent enfin à l’écran. Cette attention portée aux détails se retrouve dans tout le second long métrage de la cinéaste, présenté en compétition au Festival de Busan. Oliver Siu Kuen Chan s’était auparavant distinguée avec son premier long, Still Human, qui a eu un beau succès en festivals mais est resté inédit en France.

Comme son titre l’indique, Montages of a Modern Motherhood fait le portrait d’une mère, aujourd’hui, et de ce à quoi elle doit se confronter. Celle-ci est admirablement incarnée par Hedwig Tam qui donne des nuances et une vibration épuisée à un personnage dont l’interprétation pourrait être monocorde. Montages of a Modern Motherhood dépeint la solitude de cette héroïne pourtant entourée, mais qui fait face à la fois à la pollution intrusive d’une belle-mère infecte, à la lâcheté et la paresse de son époux et aux remarques passives-agressives au travail. Si apprendre à être une mère n’est pas une sinécure, cette jeune mère, comme bien d’autres mères, subit une infernale double peine.

Montages of a Modern Motherhood, plus largement, examine la manière dont les femmes, ou les rôles considérés comme « féminins », sont considérés (sans surprise : mal). Quels sacrifices Jing doit faire, tout en n’en tirant aucun bénéfice – alors qu’aucun de ces sacrifices ne sont demandés aux hommes ? La mise en scène délicate d’Oliver Siu Kuen Chan sait trouver la bonne distance vis-à-vis de ses personnages, en privilégiant régulièrement des prises longues comme lors de cette impressionnante scène de dispute de près de 10 minutes. Ce n’est pas un tour de force qui roule des mécaniques, c’est au contraire une manière de donner, avec humilité, de l’espace à sa protagoniste, ainsi qu’au public. L’immersion dans un quotidien répétitif peut avoir comme risque de donner un film répétitif tout court, mais Oliver Siu Kuen Chan fait preuve de suffisamment de savoir-faire pour réussir ce portrait poignant.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article