Festival de Busan | Critique : Don’t Cry Butterfly

Lorsqu’elle apprend que son mari la trompe, Tam fait appel à une chamane pour que son époux l’aime à nouveau.

Don’t Cry Butterfly
Vietnam, 2024
De Duong Dieu Linh

Durée : 1h37

Sortie : –

Note :

MINUTE PAPILLON

Distingué à la rentrée à la Mostra de Venise dans le cadre de la Semaine de la Critique, Don’t Cry Butterfly offre, en l’espace d’un an, un quatrième visage très différent du cinéma d’auteur vietnamien contemporain après la caméra d’or L’Arbre aux papillons d’or, Viet and Nam actuellement en salles et Cu Li Never Cries distingué à la dernière Berlinale. Sélectionné au Festival de Busan, Don’t Cry Butterfly raconte l’histoire, en quelque sorte, d’une cordonnière mal chaussée : Tam, qui organise des mariages, voit son monde s’effondrer lorsqu’elle apprend que son mari la trompe. L’humiliation est si grande que la nation entière semble au courant.

Chaque mariage préparé par Tam exige semble-t-il une discipline de fer : c’est un travail titanesque qui ne laisse que peu de place pour l’attendrissement. Mais que se passe-t-il dans la vie de l’intransigeante wedding planner lorsque c’est, ironiquement, son mariage qui prend l’eau ? Alors qu’elle assiste aux mariages réussis des autres, Tam a recours à une chamane pour faire revenir son époux. Le surnaturel s’invite dans un film qui, dès le départ, ne paraît pas vouloir choisir entre triste comédie et drôle de drame. La Vietnamienne Duong Dieu Linh mêle les genres de manière surprenante et généreuse, même si la construction du scénario nous a semblé parfois maladroite, en tout cas laborieuse.

Au-delà du récit conjugal, Don’t Cry Butterfly pose également la question de la relation mère-fille. Celle-ci est comme illustrée par la première scène où la mère fait de l’aérobic sur de la dance massive tandis que sa fille est en pleine méditation sur de la musique new age. Cet antagonisme mi-comique mi-chaotique s’applique aux différentes interactions vues dans le film. Tam, accrochée à son mari, cherche-t-elle le bonheur au mauvais endroit ? Les personnages sont en quête, en vain, de la vérité ou d’une réponse dans les vidéos TikTok ou au contraire dans les traditions chamaniques. Tam est-elle prise au piège d’un appartement qui visiblement est hanté ? Quel mauvais esprit tourmente la maison, quelle est cette inquiétante infiltration au plafond ? Peuplé de visions fortes et étonnantes, visuellement élégant, Don’t Cry Butterfly est imparfait mais trouve des nuances intrigantes, comme dans son portrait d’une relation mère-fille et la manière dont celle-ci s’articule dans une société patriarcale. Signalons également la qualité de l’interprétation, Le Tu Oanh en tête.

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par Nicolas Bardot

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