Festival de Busan | Critique : Yen and Ai-Lee

Après avoir passé des années en prison, Yen est de retour dans sa ville, auprès de sa mère.

Yen and Ai-Lee
Taïwan, 2024
De Tom Shu-Yu Lin

Durée : 1h46

Sortie : –

Note :

AU BOUT DE LA NUIT

Si l’intégralité de la filmographie du Taïwanais Tom Shu-Yu Lin (qui a débuté comme assistant de Tsai Ming-liang) est restée inédite dans les salles françaises, on avait néanmoins pu découvrir il y a une dizaine d’années en France son second long métrage, Starry, Starry Night, au Festival Paris Cinéma. Il s’agissait d’un charmant récit d’apprentissage qui prenait la forme d’un conte ultra coloré. Première différence évidente avec son nouveau long, Yen and Ai-Lee, présenté en première mondiale au Festival de Busan dans la compétition Jiseok (consacrée aux cinéastes confirmés) : celui-ci est tourné en noir et blanc.

Aux couleurs délicieuses de Starry, Starry Night succède un monde qui paraît endormi, sous cloche, en blanc, noir et teintes de gris. Yen and Ai-Lee s’ouvre par un plan d’une rue, la nuit semble paisible, mais celle-ci va bientôt être transpercée par l’apparition à bicyclette d’une femme couverte de sang. En une ellipse temporelle, nous retrouvons l’héroïne, qui a purgé 8 ans de prison. Dans quel état retrouve-t-on sa vie, comme construit-on une nouvelle vie ? Plus précisément : comment la violence des hommes peut continuer à poursuivre et façonner Yen, sa mère Ai-Lee, et la relation qu’elles entretiennent ?

Lors d’ateliers de théâtre au cours du long métrage, on apprend – ou on tente d’apprendre – à exprimer ses émotions. Il n’y a guère de manuel pour les protagonistes de Yen and Ai-Lee. Lors d’un rebondissement du film, les rôles familiaux se retrouvent comme redistribués. Qu’est-ce qui est amené à se répéter et comment briser le cycle de la violence ? Chargé en émotions, Yen & Ai-Lee se distingue plus particulièrement par son élégance formelle. Avec son talentueux directeur de la photographie, l’Indien Kartik Vijay, Tom Shu-Yu Lin filme avec tendresse le scintillement discret de la ville, évoquant ce qui anime et relie avec fragilité ses personnages.

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par Nicolas Bardot

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