Festival de San Sebastian | Critique : My Eternal Summer

Fanny, 15 ans, et ses parents se retirent dans leur maison d’été, s’adonnant à des routines familières : lecture, natation et promenade. Sous cette simplicité tranquille, un chagrin inexprimé persiste : ils savent que c’est le dernier été de la mère.

My Eternal Summer
Danemark, 2024
De Sylvia Le Fanu

Durée : 1h45

Sortie : –

Note :

CRUEL SUMMER

Fanny a 15 ans et va passer l’été avec sa mère et son père dans la maison familiale, à la campagne. Ce devrait être le décor archétypal d’un récit d’apprentissage comme les autres : les vacances d’été, les longues journées, l’ennui, les disputes avec les parents, le petit ami et toutes les relations compliquées qu’on peut avoir à cet âge, et au loin l’éblouissant scintillement de la mer. Mais voilà, ce récit d’apprentissage n’est pas complètement comme les autres pour la jeune adolescente qui se prépare, comme elle le peut et beaucoup trop tôt, à un deuil – celui de sa mère mourante.

Sans contexte, la réalisatrice danoise Sylvia Le Fanu (qui signe ici son premier long métrage) montre la belle maison de vacances sans expliquer la situation familiale. En un plan sur la mère, Karin, qui essaie les fonctionnalités de son lit médicalisé, on sait tout ce qu’il y a à savoir. My Eternal Summer est un drame sur la mort, mais il est plutôt exempt de considérations et discussions sur le sujet. Voilà plutôt comment l’on vit avec – assez mal et sans notice explicative, tandis que les souvenirs sont accrochés au mur. Si My Eternal Summer est parfois un peu appliqué, la cinéaste évite plutôt habilement les lourdeurs dialoguées et didactiques : la situation pose des questions suffisamment universelles pour que le film puisse se passer d’effets dramatiques trop épais.

Le scénario parvient à cerner plutôt finement les épreuves que les protagonistes autour (la jeune Fanny en tête) doivent affronter silencieusement. Au contraire, le film raconte aussi ce que Karin reçoit maladroitement de celles et ceux qui ne savent pas quoi faire de leur peur, de leur douleur ou de leur embarras. Le Fanu exploite assez efficacement le contraste entre la menace morbide et ce décor apaisé, bercé par la douceur du vent dans les arbres. Lors d’un test de personnalité, Fanny demande à sa mère quels sont les trois mots qui la caractérisent le mieux. « On peut être bien plus que trois choses dans la vie », rétorque le père. Difficile effectivement de mettre trois mots (c’est trop, ou pas assez) sur ce que peut ressentir une adolescente dans une situation aussi cruelle. Également porté par la qualité de son interprétation, ce film présenté en première mondiale au Festival de San Sebastian fait preuve d’une délicatesse poignante jusque dans ses derniers instants.

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par Nicolas Bardot

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