Festival de Cannes | Entretien avec Éric Briche

Volcelest suit les tentatives de survie d’une hermine dans un paysage hivernal aussi beau que sauvage. Le court métrage d’animation du Français Éric Briche est un récit muet où la splendeur de la nature est contrebalancée en un puissant contraire fort par la violence sèche et la tension menaçante qui rodent. Cette adaptation visuellement élégante d’une nouvelle de Louis Pergaud est en lice pour la Palme d’or. Éric Briche est notre invité.


Quel a été le point de départ de Volcelest ?

Volcelest est l’adaptation de la nouvelle L’Horrible délivrance tirée du livre De Goupil à Margot de Louis Pergaud (Prix Goncourt 1910). On m’a offert il y a plusieurs années Le Roman de Mirault, j’ai adoré et lu toute son œuvre. J’aime la précision et la justesse avec laquelle il décrit les animaux et leurs rapports aux humains. Je me retrouvais aussi dans sa vision de la nature, belle et atroce ! Je m’étais dit que si un jour je réalisais un court métrage, j’adapterais une de ses nouvelles.



Quel défi a représenté la narration sans dialogues de Volcelest ?

Je souhaitais une mise en scène très naturaliste et réaliste, l’hermine ne parlant pas et l’homme vivant seul avec son chien, une narration sans dialogues était une évidence. Le dialogue se fait aussi par les cadrages comme avec les gros plans sur les mains de l’homme ou les plans très larges de cette petite hermine qui semble perdue dans une immensité sauvage.



Les décors naturels jouent un rôle important dans l’atmosphère de votre film – qu’il s’agisse de sa beauté ou de sa violence. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la façon dont vous avez abordé votre mise en scène de la nature dans Volcelest ?

J’ai souhaité que les décors naturels soient un personnage à part entière dans ce film. Ils jouent un rôle capital dans la narration puisqu’ils influencent et entrainent la suite du récit. Par exemple, l’hiver est là donc l’hermine doit fuir pour trouver de quoi se nourrir. Les lumières et leurs différents contrastes ont, elles aussi, contribué à renforcer l’atmosphère du film.



Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

En animation, je pense tout de suite à Frédéric Back (L’Homme qui plantait des arbres ou Le Fleuve aux grandes eaux) et Michael Dudok de Wit (Father and Daughter ou La Tortue rouge, film sur lequel j’ai eu la chance de travailler !) sans oublier Hayao Miyazaki. Pour Volcelest, le cinéma du réel m’a beaucoup inspiré comme Farrebique de Georges Rouquier ou Profils paysans de Raymond Depardon sans oublier le magnifique documentaire Terre sans pain de Luis Buñuel. Tous ces films ont toujours été de vrais modèles pour leur mise en scène et la manière dont les réalisateurs ont posé leur regard sur le monde rural ou la nature.



Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent à l’écran ?

Je peux dire que c’est souvent à travers le cinéma d’animation que je découvre de nouvelles choses. Et plus précisément par les films d’animation de jeunes talents prometteurs que j’ai eu la chance de rencontrer lors de mes interventions à l’EMCA (École des Métiers du Cinéma d’Animation d’Angoulême) et avec qui j’ai gardé contact après leurs études. Je ne peux évidemment pas tous les citer de peur d’en oublier. Mais je dois constater, qu’à une époque de plus en plus numérique, ils ont tous en commun la volonté de conserver une technique manuelle (fusain, pastel, encre de chine, peinture animée…) dans leurs animations, ce qui donne à leurs films un univers très personnel, original et avec une véritable singularité. L’animation française a encore de beaux jours devant elle !

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 22 mai 2024. Un grand merci à Luce Grosjean.

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