La caméra de Naomi Kawase traque le murmure magique d’un Japon ancestral flottant au-dessus des arbres millénaires de l’antique cité de Nara et des tours-totems en béton de la mégapole high tech de Tokyo. D’autres artistes, inspirés par la même quête chamanique que Kawase, tentent alors de capter dans leur création cette note harmonique au pouvoir de réconcilier les hommes et les dieux. Porté par le souffle et la sensibilité particulière de Naomi Kawase, Yves Montmayeur lui dédie ce portrait vivant et immédiat.
Variations Kawase
France, 2018
De Yves Montmayeur
Durée : 1h04
Sortie : –
Note :
LA DANSE DES SOUVENIRS
Présenté en clôture de la grande rétrospective qui a été consacrée à Naomi Kawase au Centre Pompidou, Variations Kawase est réalisé par le documentariste Yves Montmayeur, spécialiste de cinémas d’Asie. Des variations effectivement, car ce portrait n’est pas un récit linéaire de l’histoire ou du cinéma de la réalisatrice japonaise. C’est un kaléidoscope qui renvoie de nombreux reflets, à travers les propos de Kawase elle-même mais aussi de divers intervenants.
Kawase, que le cinéaste a filmée dans sa ville de Nara, se confie sur ce qui constitue son cinéma, sur l’éternel retour, sur le cycle vital qui structure sa filmographie, sur ce « miroir de l’univers« . Il y a beaucoup de tendresse dans ses propos, dans son regard sur sa région et ses origines. Mais le parti-pris le plus intéressant du documentaire est de passer du récit intime à la première personne au regard extérieur d’artistes et de l’amour qu’ils ont pour Kawase.
Il ne s’agit pas de cinéastes : ce sont une chanteuse, un chorégraphe, une musicienne, une peintre qui sont interrogées. Et qui, à travers leurs disciplines et leurs sensibilités, mettent en lumière différents aspects de la filmographie de la cinéaste – la dimension esthétique, l’importance du son, le travail des corps, la spiritualité… Montmayeur, évitant l’hagiographie didactique, met ainsi en valeur la richesse des films de Naomi Kawase. Dont il cite certains moments inoubliables : la disparition de Shara, le cache-cache dans les herbes de La Forêt de Mogari ou encore la danse avant la disparition de la mère dans Still the Water. Des scènes qui, à l’image du documentaire, vont au plus profond tout en chérissant le mystère.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Nicolas Bardot