Festival de Toronto | Critique : Les Jours heureux

Emma est une jeune cheffe d’orchestre et étoile montante sur la scène montréalaise. Les jours heureux fait état de sa relation complexe avec son père et agent Patrick, qui maintient une emprise sournoise sur elle depuis l’enfance. La possibilité d’obtenir un important poste au sein d’un orchestre de prestige ne fait qu’accentuer les enjeux pour Emma. Elle devra laisser place à ses émotions véritables et faire des choix, autant pour sa musique que pour elle-même, si elle veut parvenir à naviguer sainement sa carrière et sa relation amoureuse avec Naëlle, une violoncelliste nouvellement séparée et mère d’un garçon.

Les Jours heureux
Canada, 2023
De Chloé Robichaud

Durée : 1h58

Sortie : –

Note :

LES JOURS SE SUIVENT

Découverte avec le solide Sarah préfère la course qui fut sélectionné au Festival de Cannes avant de sortir dans les salles françaises en 2014, la Canadienne Chloé Robichaud a depuis réalisé la satire politique Pays, restée inédite chez nous, et s’est également consacrée à la télévision. Pour son retour au cinéma, la réalisatrice raconte l’histoire d’une jeune cheffe d’orchestre qui traverse une crise existentielle. Une curieuse relation s’est tissée avec son père, comme un rapport boss-client (à moins que ça ne soit l’inverse). La caméra mobile installe un sentiment d’urgence – que va-t-il arriver à Emma ?

Las, le film, à nos yeux, abat ses cartes trop vite. Les Jours heureux ne nous a pas semblé avoir de point de vue très particulier sur cette relation père-fille, pas plus que sur sa dimension queer. C’est un long métrage très bavard qui dit à peu près tout ce qu’on doit savoir, où les scènes de dialogues plates se succèdent mollement, aussi mollement que dérive le matelas gonflable sur lequel l’héroïne se trouve en début de film. Ça n’en fait jamais le film la plus raté de l’année, mais tout nous a paru trop tiède et trop terne, trop propret et trop scolaire – à l’image de l’utilisation de la musique classique pour remplir d’hélium des scènes qui, silencieuses, serait peut-être plus quelconques.

Ça n’est certes pas la faute de la cinéaste mais Les Jours heureux se heurte à un problème de timing : cette histoire de cheffe d’orchestre lesbienne et en crise, quelques mois après Tár, reste dans une ombre bien trop grande pour elle. Tár a eu ses adorateurs, mais aussi ses intenses détracteurs. On n’imagine pas vraiment Les Jours heureux éveiller des réactions aussi extrêmes, mais c’est aussi parce que le résultat, à notre sens assez rabougri, ne tente jamais grand-chose.

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par Nicolas Bardot

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