Festival de Locarno | Critique : Touched

Maria, soignante, voit sa vie bouleversée lorsqu’elle rencontre Alex, un résident paraplégique. Ils entament une relation interdite, entre découverte sexuelle et connexion profonde. Au fur et à mesure que leur lien s’approfondit, les désirs d’Alex poussent Maria dans ses limites.

Touched
Allemagne, 2023
De Claudia Rorarius

Durée : 2h15

Sortie : –

Note :

C’EST BEAU L’AMOUR À L’HÔPITAL

Lorsqu’elle entre pour la première fois dans la chambre d’Alex, Maria se déplace presque sur la pointe des pieds. Sa silhouette de femme en surpoids est imposante mais sa présence est très douce, soit à peu près l’inverse du ténébreux Alex dont le corps maigre est cloué au lit. Les gestes médicaux doivent être respectés avec une rigueur qui n’aide pas à rendre aux malades leur humanité. Ainsi, quand une collègue montre à Maria comment installer un cathéter dans l’urètre d’Alex, les détail ne nous sont pas épargnés et la situation est aussi gênante pour nous que les personnages. Pourtant, en dépit de ce que pourrait laisser imaginer le résumé de Touched, la réalisatrice allemande Claudia Rorarius ne cherche pas à provoquer le malaise.

Maria est pleine de délicatesse, mais elle n’est pas naïve pour autant. A son image, le film possède une beauté aérienne dotée d’une vraie part d’étrangeté. Dans cette clinique gorgée de lumière, aux murs étonnamment rose bonbon, Claudia Rorarius fait preuve d’un sens de la composition qui met en valeur sans les fétichiser les corps de ses personnages. Il n’y a rien de glauque ou même d’étrange dans l’attirance sexuelle entre ces derniers, leur histoire est au contraire filmée avec un mélange étonnant de luminosité et de lenteur. La bizarrerie que l’on pensait trouver dans ce récit érotique se trouve plutôt dans son rythme planant. Comme si l’intérêt se trouvait ailleurs que dans les scènes de sexe, d’ailleurs toutes initiées par le personnage féminin, pour une fois.

Avec sa mise en scène particulière, Touched raconte une histoire d’amour comme une autre. Cela pourrait être un slogan condescendant mais il faut l’entendre dans le sens où la relation naissante entre Maria et Alex n’est ni plus tordue ni plus simple qu’une autre. Pas vraiment sur la même longueur d’onde, ils finissent par communiquer à peu près aussi mal que la plupart des couples, ce que le nombre modeste de dialogues vient d’ailleurs souligner avec un sens du mystère bienvenu. Ce mystère-là s’évapore un peu prestement à l’approche d’un dénouement pour le coup plutôt abruptement amené, et pour tout dire moins convaincant. Grâce également à ses deux comédiens convaincus et convaincant, nous demeurons malgré tout, comme les protagonistes, touchés d’une manière que l’on n’attendait pas.

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par Gregory Coutaut

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