Festival New Directors/New Films | Critique : Maputo Nakuzandza

Une journée et des fragments de vie à Maputo, capitale du Mozambique.

Maputo Nakuzandza
Brésil/Mozambique, 2022
De Ariadine Zampaulo

Durée : 1h00

Sortie : –

Note :

VILLE OUVERTE

« Maputo Nakuzandza » est le nom de la radio que l’on entend tout au long du film ; celle-ci s’adresse à tous et à personne en particulier. « Maputo Nakuzandza », c’est aussi une déclaration d’amour faite en changana à la capitale du Mozambique – littéralement : « Maputo, je t’aime ». La Brésilienne Ariadine Zampaulo explore la ville dans son essai poétique qui mêle fiction et documentaire. Un joggeur, des gens participant à une procession nocturne, une mariée en fuite, des jeunes qui jouent au tennis : Zampaulo dépeint tout un monde, du petit matin aux dernières lueurs du soir.

Les personnages sont sans identité claire, ce sont parfois des présences quasi-fantomatiques dans une ville bien vivante. Cette dualité se retrouve également dans le tempo que la cinéaste imprime : lorsqu’elle met en scène des séquences sans dialogues, sans contexte, voire sans enjeux évidents, ou quand elle dirige au contraire des scènes vives de courses, de danse, de musique. Zampaulo filme les rues, les immeubles, un manège. Elle a une manière étonnante de placer ses personnages dans le cadre et dans les décors : certains plans peuvent évoquer Playtime de Jacques Tati, avec ce décalage entre les occupations banales des personnages et des décors inattendus.

Ces décors ont une nette fonction narrative : l’architecture est le témoin du passé colonial, et de l’Histoire post-coloniale. Elle raconte sans dire, tandis que dans le même plan peuvent se côtoyer des ruines coloniales et des buildings plus futuristes. La caméra sensible de Zampaulo s’aventure dans les avenues mais aussi dans les rêves (un tag l’indique : « il est interdit de se réveiller »). C’est un portrait impressionniste de la ville, qui laisse une très large place à l’atmosphère et aux sensations. Les micro-épisodes se succèdent et créent une mosaïque du quotidien, avec un travail sur la lumière qui donne un côté délavé et aveuglant. Ariadine Zampaulo réalise avec Maputo Nakuzandza un puzzle doux et surprenant, d’une séduisante dimension poétique.

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par Nicolas Bardot

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