Festival de Sundance | Critique : Run Rabbit Run

En tant que médecin spécialiste de la fertilité, Sarah a une solide compréhension du cycle de la vie. Cependant, lorsqu’elle est forcée de donner un sens au comportement de plus en plus étrange de sa jeune fille, Sarah doit remettre en question ses propres croyances et faire face à un fantôme de son passé.

Run Rabbit Run
Australie, 2023
De Daina Reid

Durée : 1h40

Sortie : –

Note :

MA VRAIE NATURE

Tout commence par un lapin. Plutôt qu’une bête à suivre vers l’inconnu façon Alice au pays des merveilles, ce lapin-là déboule de nulle part et vient s’incruster dans le jardin de Sarah comme une anomalie agaçante. Sarah a d’autres chats à fouetter : elle organise la fête d’anniversaire de sa fille Mia et la baie vitrée de leur domicile ne laisse aucun doute sur la tempête qui est en train de se lever à leur porte. Avec cette métaphore accompagnée d’un lourd violoncelle, on pourrait craindre que Run Rabbit Run chausse alors des sabots aussi gros que les bourrasques qui balayent le jardin, mais le tonnerre va en réalité se déclencher autrement que prévu.

« Qui sera invité à la fête? » demande Mia. L’ambiance en est alors encore au drame réaliste mais la question, d’apparence anonyme, devient une source de tension pour Sarah ainsi que pour nous. Un scénario de facture classique aurait prix prétexte de cette réunion familiale pour présenter les personnages et éclaircir les liens de parenté, mais la réalisatrice Daina Reid propose l’inverse. On comprend que quelqu’un est décédé sans qu’on sache bien qui, on devine que quelqu’un d’autre a été éloigné… difficile alors de prédire de quel non-dit également va surgir l’horreur refoulée. En slalomant ainsi, le film ne fait pas que rendre crédible la complexité des rapports familiaux, il fait confiance à notre intelligence de spectateur et nous met rapidement en appétit. Deux très bon points.

En quittant l’appartement familial en ville pour une autre maison perdue dans le bush, Run Rabbit Run vient occuper des terres fantastiques davantage familières, et pour ainsi dire très australiennes. A l’image du masque que se bricole Mia, ou d’un lapin qui a le don d’aller se faufiler dans des pièces qu’on préfèrerait laisser scellées, la nature sauvage environnante vient traduire et souligner le tourment intérieur de Sarah. L’ensemble perd alors un peu de son imprévisibilité mais reste porté par la performance de Sarah Snook dont le regard épuisé épouse parfaitement les variations du drame à la terreur.

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par Gregory Coutaut

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