Le Thaïlandais Sorayos Prapapan signe son premier long métrage avec Arnold is a Model Student. Le cinéaste fait preuve d’un talent prometteur pour traiter d’un sujet grave (une révolte étudiante inspirée par la crise politique thaïlandaise) à travers une forme surprenante, empruntant à la comédie et utilisant des couleurs pastel. Ce récit doux amer est présenté cette semaine au Festival New Directors / New Films. Sorayos Prapapan est notre invité.
Quel a été le point de départ d’Arnold is a Model Student ?
C’était il y a 8 ans, lors du coup d’état de l’armée. La plupart des gens de la classe moyenne (qui prétendent être éduqués) ont soutenu l’armée en prétextant qu’elle nous aiderait à nous débarrasser du gouvernement corrompu (le précédent gouvernement). Pour moi, c’était ridicule : un coup d’état c’est juste la mise en place d’une autre forme de corruption. Cela m’a fait reconsidérer le système éducatif. Dans quelle mesure l’autorité vous lave le cerveau en prétendant vous éduquer ?
Vous faites le récit d’une colère et d’une rébellion, mais celui-ci est mis en scène avec une lumière et des couleurs très douces. Pouvez-vous nous parler de ce contraste visuel ?
Je pense que si l’on est trop sérieux dès le départ, on perd un peu le public. À mon sens, raconter une histoire sérieuse à partir d’éléments plus légers permet de mieux communiquer – et c’est ce qui a dicté la forme du film, avec cette dimension un peu absurde.
Vous avez précédemment travaillé sur le son de beaucoup de films. En quoi cet élément importait-il particulièrement dans Arnold is a Model Student ?
Comme le son est présent dans tous les plans du film, c’est, de manière naturelle, devenu un élément très important. On a travaillé très dur sur ce point, qu’il s’agisse de la mise en valeur des dialogues ou des bruitages. Notre ingénieur du son français a réussi à tout combiner harmonieusement ; c’est une partie du travail que nous avons achevée au Pays-Bas d’où vient une partie de la production.
Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?
Il y en a beaucoup, et ce que je préfère avant tout ce sont les cinéastes qui parviennent à être drôles tout en étant sincères.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de différent ?
C’était il y a quelques jours à Locarno. J’ai vu Fairytale, le film d’Alexandre Sokourov. C’est un des films les plus bizarres parmi ceux que j’ai pu voir récemment, et c’est un sentiment très positif.
Entretien réalisé le 11 août 2022 par Nicolas Bardot.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |