Electric Malady est l’une des découvertes du Festival CPH :DOX. Ce documentaire réalisé par la Suédoise Marie Lidén fait le portrait sensible et singulier de William, un homme dont la vie est bouleversée depuis que sa sensibilité électromagnétique s’est déclarée. Marie Lidén est notre invitée de ce Lundi Découverte.
Quel a été le point de départ de Electric Malady ?
J’étais en train d’arriver à l’âge que ma mère avait quand elle a développé une sensibilité électromagnétique et j’ai commencé à y penser beaucoup. Comme ma mère s’est complètement remise de son électrosensibilité, on n’en parle plus vraiment désormais. C’était quelque chose de très étrange que nous avons traversé en famille il y a de nombreuses années.
Je me demandais ce que ce serait d’être électrosensible aujourd’hui alors que nous sommes constamment entourés de téléphones mobiles et de réseaux wifi, alors j’ai publié une annonce dans un journal s’adressant aux personnes qui en souffrent en Suède et j’ai été submergée par les réponses, venant de tous les pays nordiques. Des lettres écrites ont afflué, il y a eu aussi des appels téléphoniques. Le père de William était l’un d’entre eux. J’ai parlé à son père au téléphone plusieurs fois avant de décider d’aller rendre visite à William.
L’atmosphère visuelle joue un rôle important dans votre film. Comment avez-vous abordé la mise en scène de cette histoire et de la vie de William ?
Nous avons fait beaucoup de tests avec le matériel pour commencer le tournage dans de bonnes conditions. Nous avons utilisé un mélange d’appareil photo argentique 16mm à manivelle et d’appareils photo numériques plus petits. Nous ne pouvions pas vraiment utiliser quelque chose de plus grand. Nous avons utilisé un micro directionnel et gardé nos distances, en installant l’appareil d’enregistrement plus loin. Il y a aussi une sensation onirique de conte de fées surréaliste dans le film. C’est le fantôme d’un homme dans sa prison, entouré par la nature et la beauté auxquelles il ne peut pas vraiment accéder. Je crois que le style visuel est né de cela.
Le Festival CPH:DOX où le film a fait sa première mondiale a décrit Electric Malady comme un conte de folk-horror moderne. Que pensez-vous de ce point de vue ?
Je pense que c’est approprié. C’est une situation horrible à vivre en famille. Ce serait un cauchemar pour beaucoup. Toutes les choses que nous tenons pour acquises, nos gadgets, la façon dont nous communiquons et interagissons avec la société vous rendent tout d’un coup malade. Je crois aussi que beaucoup d’entre nous pouvons comprendre l’isolement d’une manière différente après avoir vécu une pandémie. Nous savons comment cela peut vous affecter et en plus de cela, on ne vous croit pas ou on vous ridiculise.
Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?
Pour être honnête, récemment, pendant que nous terminions le film, je n’ai pas vraiment regardé de documentaires. J’ai regardé de mauvais films d’action (que j’adore) et des séries. J’avais l’impression d’avoir besoin d’un contraste avec le travail documentaire qui m’a tant occupée. Mon inspiration vient de sources très différentes. De clips musicaux comme de séries en streaming.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
J’ai la chance d’être entourée d’un groupe d’artistes, de musiciens et de cinéastes qui m’inspirent à Glasgow où je vis, et à travers leur travail et mes discussions avec eux, j’ai toujours accès à de nouveaux talents émergents et à des idées intéressantes.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 2 avril 2022. Un grand merci à Brigitta Portier.
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