HISTOIRE D’EN RIRE

La Suédoise Sanna Lenken a été très remarquée avec son premier long métrage My Skinny Sister, primé à la Berlinale avant de sortir chez nous en 2015. La jeune héroïne hors des codes dans son précédent film succède à une autre tout aussi singulière dans Comedy Queen. Pourtant, dans la salle d’attente du psy, on l’affirme à Sasha dès le tout début de l’histoire : « tu es complètement normale ». Mais qu’y a-t-il de normal à perdre sa mère lorsqu’on a seulement 13 ans ?

Lenken et sa scénariste Linn Gottfridsson traitent de ce sujet délicat avec savoir-faire. Le film se repose d’abord sur une structure ludique, avec une liste de choses à accomplir – mais aussi à ne pas faire. Il y a à l’œuvre dans Comedy Queen un mauvais esprit plutôt réjouissant et le film parvient à trouver la bonne alchimie pour être à la fois attachant et tendre tout en n’étant ni artificiel, ni trop sucré.

La vie, et Sasha l’apprend peu à peu, est plus complexe qu’une liste. Surtout quand on aime se mettre en danger comme cette ado dont le rêve (faire du stand up) tranche assez avec les rêves d’ados qu’on peut trouver dans d’autres récits d’apprentissage. Cette mise en danger est propre à l’initiation adolescente, et Lenken parvient à saisir la cruauté mal contrôlée ou les idées noires de cet âge tumultueux. Le film, dont le sujet pourrait être dangereusement cheesy, fait également le bon choix de ne jamais transformer Sasha en bête de scène comme le ferait son remake américain. L’air de rien, Comedy Queen trouve souvent la bonne nuance, aidé en cela par l’interprétation remarquable de sa jeune actrice Sigrid Johnson aux faux airs de Mia Wasikowska.

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