Trente ans après avoir connu un énorme succès international, le groupe de disco-pop queer Army of Lovers entame un nouveau chapitre de leur existence lorsque le leader Jean-Pierre Barda part de Suède pour faire son aliyah en Israël.
Army of Lovers in the Holy Land
Israël, 2019
De Asaf Galay
Durée : 1h05
Sortie : –
Note :
DISCO EXTRAVAGANZA
Au début des années 90, c’est un ovni qui débarquait au top 50 avec Army of Lovers. Ce groupe de disco-pop à l’esthétique baroque ne faisait ni vraiment de la synthpop 80s, ni de l’eurodance 90s. Le documentaire Army of Lovers in the Holy Land de Asaf Galay essaie d’abord de définir ce qu’ont pu être les Army of Lovers – et cette définition reste assez singulière. Voilà un groupe dont les membres ne cachent pas le fait qu’ils ne savent ni chanter, ni jouer d’instruments, ni danser, mais dont l’un des indéniables talents est de savoir porter des talons hauts. Tout ceci est raconté avec une nonchalance très réjouissante : l’essentiel chez Army of Lovers n’est pas d’être étudié en cours de musicologie.
C’est la revanche des rejetés et des parias : le film raconte en effet une parcelle d’histoire queer, un groupe dont le manifeste est de chérir la culture camp, célébrer ce qui sera considéré comme du mauvais goût par de tristes sires, et transgresser à tout prix – qu’il s’agisse de sexe ou de religion. « Tout le monde devrait faire l’amour avec tout le monde, tout le temps », explique l’un des membres, et c’est aussi simple que cela.
Mais le cœur du film n’est pas le rise and fall d’un groupe pop. Holy Land est plus particulièrement centré sur le destin d’un des membres de Army of Lovers, Jean-Pierre Barda, qui a quitté sa confortable vie suédoise et vidé ses placards qu’on imagine bien garnis pour faire son aliyah en Israël. Cela pourrait être une fable sur le star-system et ses lendemains, sur un artiste qui, sa carrière durant, a embrassé tous les artifices et cherche désormais ce qui lui est essentiel. Mais le film, plutôt modeste, dépeint avant tout de manière attachante le besoin de trouver sa communauté : qu’il s’agisse d’un gamin gay dans la communauté queer ou d’un homme juif parti en Terre sainte.
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par Nicolas Bardot