Alors qu’un ouragan menace la ville de Saint-Domingue, le meurtre d’un jeune poète et trafiquant de drogue va faire s’entrecroiser les vies d’une jeune femme de la haute société, d’un policier alcoolique et d’un drag queen.
Candela
République Dominicaine, 2021
De Andrés Farías Cintrón
Durée : 1h28
Sortie : –
Note :
EN PLEINE TEMPÊTE
Une créature poétique apparaît dès le premier plan de Candela et c’est un oracle : le film sera dédié à « tous les fils de pute » et plus globalement à toutes les personnes déclassées dans la société dominicaine. Cette apparition est suffisamment mystérieuse pour faire dévier Candela du drame social classique. En trois segments et trois points de vue successifs, la Dominicain Andrés Farías Cintrón entame un voyage plutôt inattendu entre les genres et les époques pour parler d’ici et maintenant.
La première partie de Candela nous ramène quelque peu aux thrillers sexuels et vénéneux réalisés à la charnière des années 80 et 90, avec cette histoire d’héritière qui la nuit enfile talons hauts et robe à sequins pour s’encanailler dans un autre monde. La seconde renvoie davantage aux polars virils et poisseux réalisés quelques années auparavant, hantés par des enquêteurs au bout du rouleau. La dernière s’inscrit davantage dans un cinéma queer plus contemporain où la tension du thriller n’est plus un jeu mais une question de survie.
Andrés Farías Cintrón fait preuve d’un sens visuel prometteur pour raconter les différents aspects de son récit. L’usage dramatique de la lumière nourrit le film et compense de temps à autre une écriture des personnages qui manque peut-être parfois de profondeur. Le cinéaste explore néanmoins de passionnantes pistes, sur la violence carnassière des rapports de classe comme sur la manière dont sont considérées les personnes racisées. La fin abrupte peut frustrer mais cette histoire d’ouragan (littéral et métaphorique) qui menace la ville et qui rend tout le monde fou est puissamment évocatrice.
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par Nicolas Bardot