Festival de Locarno | Critique : Soul of a Beast

Gabriel, adolescent mais déjà père d’un petit garçon, tombe amoureux de la petite amie de son meilleur ami.

Soul of a Beast
Suisse, 2021
De Lorenz Merz

Durée : 1h50

Sortie : –

Note :

AGE TENDRE

Dans sa toute première scène, Soul of a Beast nous raconte la légende d’un homme qui aurait été un animal sauvage dans une vie antérieure. Pendant tout le reste du film, il est effectivement beaucoup question de bêtes dangereuses, qu’il s’agisse de celles échappées d’un zoo ou celles qui sommeillent en certains humains. Gabriel est un grand ado mais il est déjà papa. Avec ses potes, il traine dans la rue, prend de la drogue, et se comporte presque comme un animal. Mais si le puma du zoo peut bel et bien tuer, la bande de Gabriel a plutôt l’air de faire des tours pendables anecdotiques à mobylette que d’éveiller une authentique terreur. Le scénario nous parle de couvre-feu, d’affrontement avec la police, et pourtant le film entier semble se contenter de mordre avec des dents de lait.

Le réalisateur suisse Lorenz Merz dit s’être inspiré de son propre vécu de très jeune père pour retranscrire ici le paradoxe d’un jeune garçon tiraillé entre fureur de vivre et responsabilités. De fait, le portrait de Gabriel est propice aux archétypes : tantôt père-héros portant son enfant à bout de bras, tantôt ado maladroit insistant auprès d’une fille déjà prise. Tels ces ados en motos, la mèche collée sur le front et la clope aux lèvres, on aimerait nous aussi changer de vitesse pour transformer enfin ces clichés en authentiques fantasmes. Mais il reste difficile d’être ému par ce qui est convenu d’avance.

Prévisible, le film l’est un peu moins par sa mise en image. Sont-ce les souvenirs d’adolescence du cinéaste qui l’ont poussé à opter pour un filtre jaune tout droit sorti du début des années 2000 ? Les scènes de sexe et de drogues évoquent moins des trips cinématographiques contemporains que des clips des années 90 (de Criminal de Fiona Apple à Faire des mamours d’Axelle Red), ce qui n’est pas sans charme. Outre le gimmick gratuit de sa voix off en japonais, c’est justement par ses choix esthétiques décalés que le film touche parfois du doigt ce fameux charme adolescent, maladroit et attachant.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article