Paula a organisé des vacances pour elle et sa famille. Mais une fois arrivée dans leur résidence secondaire, ils réalisent que la piscine n’a pas été construite.
A felicidade das coisas
Brésil, 2021
De Thais Fujinaga
Durée : 1h27
Sortie : –
Note :
PISCINE SANS EAU
Ça y est, tout est prêt pour que Paula puisse passer des vacances de rêves. Elle est parvenue à réunir ses deux enfants et sa propre mère dans sa nouvelle demeure secondaire, et elle a bien l’intention de vivre paisiblement la fin de sa grossesse dans ce cadre idyllique et tropical où rien ne manque. Rien… hormis la piscine qui n’a pas été construite à temps. Une mauvaise surprise dont personne ne veut assumer la responsabilité, se renvoyant la faute en une partie de ping-pong qui mêle lutte de classes et charge mentale.
Unique ombre au tableau, ce caillou dans la sandale de Paula va prendre de plus en plus de place jusqu’à se transformer en rocher de Sisyphe tragicomique. Le sourire de cette super maman se crispe délicieusement à mesure que les frustrations s’accumulent en domino : son jardin est envahi des promeneurs, la rivière qui y coule s’avère dangereuse, le club d’à coté fait un bruit pas possible, et cette piscine n’en finit pas d’être vide malgré les fausses bonnes idées de chacun. Symbole de l’absence entêtante du père (?), le creux béant dans le jardin familial devient un trou noir prêt à aspirer les maigres fondations de ces vacances au bord de la catastrophe.
Derrière son titre malin, en forme de slogan creux sur « le bonheur des choses », A felicidade das coisas développe l’air de rien un ton doux-amer bien à lui. Les personnages sont finement nuancés, pas forcément très attachants ou aimables, mais le film pose sur eux un regard bienveillant malgré tout. La réalisatrice Thais Fujinaga (dont c’est ici le premier film) retranscrit assez subtilement ce moment de fatigue nerveuse où l’accablement finit par laisser place à un rire désarmé. Si le film aurait pu bénéficier d’un peu plus de nerf, la réalisatrice fait preuve d’un talent prometteur au moment de saisir les crescendos et les déflagrations d’une femme au bord de la crise de nerf.
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par Gregory Coutaut