Critique : Acasa, My Home

Neuf enfants et leurs parents roms vivent pendant vingt ans en harmonie dans le delta sauvage au cœur de Bucarest, jusqu’au jour où ils sont délogés et obligés de s’adapter à la vie urbaine…

Acasa, My Home
Roumanie, 2020
De Radu Ciorniciuc

Durée : 1h26

Sortie : –

Note :

PROPRIÉTÉ INTERDITE

Dans Acasa, My Home, les enfants ne jouent pas avec un animal de compagnie habituel : c’est un cygne qu’ils coursent (et relâchent) parmi les roseaux. Leur quotidien n’est peut-être pas tout à fait le même que celui des autres enfants : la famille que Radu Ciorniciuc filme vit en pleine nature, et pourtant pas si loin des immeubles de Bucarest. On ne le soupçonne pas immédiatement, et lors d’un plan assez cocasse où un chat puis un chien puis un cochon (en attendant la suite ?) apparaissent successivement à l’entrée de la maison en bazar, on a le sentiment d’être plutôt coupé de la civilisation.

Un plan assez impressionnant nous montre pourtant deux mondes qui cohabitent : un drone s’élève, et l’on passe de la nature épaisse à la ville qui se dresse à l’horizon. Ce pourrait être le twist d’un film fantastique à la M.Night Shyamalan, c’est le pur quotidien que Ciorniciuc raconte. Celui de la famille Enache, qui s’est établie dans une zone verte à l’abandon et sur laquelle le gouvernement veut remettre la main. C’est toute une affaire, et le micro-quotidien des Enache devient pratiquement une affaire d’État – le Prince Charles lui-même est invité sur les lieux.

Le potentiel romanesque des Robinson Crusoé qui vont devoir s’habituer à une nouvelle vie laisse place à un amer constat social. Les institutions paternalistes savent mieux que les Enache ce qui est bon pour eux. Parents comme enfants se retrouvent confrontés au racisme des voisins ou de la police. Acasa, My Home, dès son titre, parle de l’appartenance. Ciorniciuc dépeint la fausse bienveillance d’une société qui prétend aider des individus en leur refusant de vivre comme ils le souhaitent. On essaie de faire rentrer en tête, lors de chants patriotiques, une sorte de roman national sur la Roumanie. Les saisons passent, et, malgré le regard chaleureux du cinéaste, apparaissent les tensions d’une famille abîmée par le monde.

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par Nicolas Bardot

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