Critique : Mandibules

Jean-Gab et Manu, deux amis simples d’esprit, trouvent une mouche géante coincée dans le coffre d’une voiture et se mettent en tête de la dresser pour gagner de l’argent avec.

Mandibules
France, 2020
De Quentin Dupieux

Durée : 1h17

Sortie : 19/05/2021

Note :

UN PLAN SIMPLE

Dresser une mouche géante pour se faire de l’argent ? Les deux andouilles qui servent de protagonistes à Mandibules croient avoir trouvé dans cette formule toute simple l’idée de génie qui les mènera à la fortune, la clé du succès. Et c’en est une! Pas pour eux, qui vont aller de désastres en absurdités, mais c’est une formule magique pour Dupieux, qui tient là la recette d’un de ses plus grands succès comiques. Pas besoin de rajouter un mot à la formule, pas besoin d’intrigue secondaire. Mandibules possède une idée-gag géniale, et celle-ci est suffisamment riche pour remplir de joie ahurie ce film, dont la simplicité et la brièveté font mouche.

Projetant son duo d’impayables bras cassés sur la route d’hilarantes embuches, Mandibules utilise les codes classiques du buddy-movie, sans pour autant cesser de ressembler à autre chose que du Dupieux, c’est-à-dire à rien d’autre de connu. Gags débiles à souhait, décalages vertigineux, morbidité bouffonne, sens du détail absurde, Mandibules est une partie de jeu de l’oie parmi les meilleures qualités du cinéaste. L’humour noir et fou de Dupieux est ici recouvert d’une douce bienveillance envers ses personnages de pieds nickelés et leurs idéaux dingos. Une douceur symbolisée par le plan d’ouverture en forme de clin d’œil à Twin Peaks enveloppé dans un duvet.

Dupieux n’a pas son pareil pour diriger ses comédiens vers des directions inattendues. Si Grégoire Ludig et David Marsais, le duo du Palmashow, ont l’air tout à leur aise dans leurs rôles de clowns pathétiques, ils se vont voler la vedette par la performance d’Adèle Exarchopoulos, très inattendue dans ce registre. Son personnage, son intensité, son décalage par rapport à cet univers déjà décalé apportent une touche d’inquiétant malaise au film, tout en lui donnant ses scènes les plus incroyablement drôles – à tel point qu’on ne sait plus très bien sur quel pied rire, pour notre plus grand plaisir. Une fois encore, on croit connaître le cinéma de Dupieux, et celui-ci continue de nous prendre de court.

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par Gregory Coutaut

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