Mois des Fiertés | Entretien avec Paige Turner

L’Américaine Paige Turner se décrit comme « l’enfant de l’amour illégitime entre Pee-Wee Herman et Barbie ». Les dernières fois qu’on a vu Paige Turner sur scène, elle rebondissait sur un lipsync de Orinoco Flow par Enya ou mimait une attaque d’oiseaux lookée en Tippi Hedren aux côté de sa complice Jackie Cox. Cette queen est un clown et l’une des figures bien-aimées du drag new-yorkais, notamment grâce à son show intitulé Slurp. Elle est notre invitée dans le cadre de notre dossier Mois des Fiertés.


Le cinéma est-il une source d’inspiration de votre drag ? Des icônes vous ont-elles servi de référence ?

Je m’inspire beaucoup du vieil Hollywood et plus particulièrement des actrices d’Alfred Hitchcock, de ses blondes hitchcockiennes. Pratiquement toutes les femmes dans les films d’Hitchcock avaient des tenues conçues par la très célèbre costumière Edith Head, qui s’est également occupée de beaucoup de looks iconiques de Marilyn Monroe.

Si vous aviez carte blanche, quel acteur ou quelle actrice de cinéma souhaiteriez-vous relooker en drag queen ?

Je dirais Dario Yazbek Bernal, un acteur mexicain qui est au casting de la série Netflix La Casa de las flores.

Y a t-il un film dans lequel vous auriez rêvé de jouer en drag ?

Oui, j’adorerais jouer le rôle de Melanie Daniels (jouée par Tippi Hedren, ndlr) dans une version parodique des Oiseaux d’Alfred Hitchcock.

En quoi votre drag est-il politique à vos yeux ?

Mon drag n’est pas à proprement parler politique, mais je réalise qu’il est là pour amener de la bonne humeur, pour divertir, pour faire rire les gens, et faire en sorte qu’ils oublient leurs problèmes ainsi que le chaos dans lequel le monde se trouve. Je ne pense pas que toutes les performances drag aient besoin d’être politique. Mon drag est attaché au sens de la communauté, au fait de répandre la joie et de s’amuser. J’ai la conviction que si on est passionné par ce qu’on fait et qu’on le montre, alors les gens y répondent. Peut-être pas tout le monde, mais « on attire ce que l’on est » (« your vibe attracts your tribe ») !

Quel est votre film queer préféré ?

J’adore Edge of Seventeen de David Moreton. C’est un récit d’apprentissage qui se déroule dans les années 80, dans le Midwest dont je suis originaire. C’est aussi un film qui a une bande originale géniale avec plein de tubes des années 80 et c’est une coming of age story absolument adorable filmée à une époque où le cinéma indépendant et queer était dans la fleur de l’âge.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 13 mai 2020. Crédits photos : JMA Vision / David Serrano / Andrew Werner.

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