La Roche-sur-Yon 2019 | Critique : Arguments

Des personnes qui entendent des voix échangent sur leurs luttes quotidiennes, intimes et sociales. Le film aborde la «folie» par sa conscience aiguë du réel et fait écho à nos souffrances secrètes.

Arguments
France, 2019
De Olivier Zabat

Durée : 1h48

Sortie : –

Note :

D’UNE SEULE VOIX

Dans ce documentaire assez étonnant, le réalisateur français Olivier Zabat part écouter les voix que ses interlocuteurs ont en tête. C’est, comme il le commente, « un film sur la folie qui trouverait un ancrage dans la réalité plus que dans la perte de relation au réel ». Les personnes qu’il rencontre peuvent rejouer leur autre voix, même une toute petite voix – et la violence de celle-ci est parfois retranscrite avec une grande douceur.

Le film ne fournit jamais d’explications psychologiques. Et est ouvert à toutes les questions : quelle différence fera t-on ici avec des gens qui parlent tout seuls ou qui s’adressent à leur chien ? Arguments effectue une démarche se situant à l’inverse des médias qui auront tendance à faire du sensationnalisme et créer des peurs autour des maladies mentales. Le film est à l’écoute et a une dimension presque thérapeutique, un peu à la manière du laboratoire de Touch Me Not de la Roumaine Adina Pintilie dont les questionnements, l’an passé, concernaient davantage le corps.

Cela s’exprime notamment dans la longue et meilleure scène du film, durant laquelle une femme laisse parler longuement la voix intérieure qui la tourmente. L’un des protagonistes d’Arguments porte un tatouage « psychotic and proud » (psychotique et fier). Si le film, d’un témoignage à l’autre, manque parfois d’un peu de relief, il fait preuve d’une honnêteté et d’une bienveillance assez rares.

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par Nicolas Bardot

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