L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.
Ad Astra
États-Unis, 2019
De James Gray
Durée : 2h04
Sortie : 18/09/2019
Note :
CÉLESTE A L’OUEST
Polar, drame romantique, film en costume ou d’aventure… La filmographie de James Gray montre la propension du réalisateur à explorer les genres. Qu’il en vienne à aborder la science-fiction n’est qu’un exemple supplémentaire de cette appétence à varier les plaisirs. Mais si les décors et les époques changent, des constantes demeurent : les thématiques de la quête obsessionnelle, des relations filiales et de ses protagonistes en crise existentielle parcourent son œuvre. Chez James Gray, les épilogues prennent la forme d’une fausse sérénité et de happy end de façade. Il laisse ses héros frustrés, hébétés, perdus.
Ad Astra n’échappe pas à la règle. En écrivant cela, on ne prend guère le risque de spoiler car, comme le dit l’adage, ce qui compte, ce n’est pas la destination, mais le voyage. Celui de Roy McBride, l’astronaute incarné par un Brad Pitt en constante retenue, le mène jusqu’à Neptune. Soit un trajet de plus de 4 milliards de kilomètres à la recherche d’un père qui n’a plus donné signe de vie depuis l’échec de sa mission spatiale une trentaine d’années plus tôt.
James Gray, cinéaste de l’intime, ne se laisse pas déborder par l’immensité induite par l’aventure spatiale. L’infiniment grand sert au contraire le propos, faisant office d’écrin cruel à un héros qui devra se résoudre à prendre conscience de son insignifiance (à l’échelle de l’univers, de l’histoire, de l’humanité). Le réalisateur remplit le cahier des charges SF. Un acte de bravoure vertigineux à la Gravity dès l’entame, une baston en apesanteur qu’on aurait bien vue aussi dans Alien, là, un brin de métaphysique à la 2001, l’odyssée de l’espace, et puis de brèves apparitions de Liv Tyler interprétables comme autant de clins d’œil improbables à Armageddon.
Malgré ses aspects spectaculaires, Ad Astra ne cède jamais au divertissement. Il se complaît dans la solennité. La litanie de questionnement mentaux assénée en voix off achève de lui donner une dimension pompeuse, pour ne pas dire prétentieuse. Cependant, le dernier quart, cousu de désespoir existentiel livrant la plus anxiogène réponse possible sur le sens de la vie, finit par laisser surgir l’émotion qui faisait défaut jusque là, ne laissant guère des étoiles dans les yeux. James Gray ne signe sans doute pas là son meilleur film, mais assurément son plus angoissé.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Fabien Randanne