Si l’œuvre de l’Ukrainienne Kira Mouratova reste aussi singulière que méconnue, vous avez plusieurs fois l’occasion de vous rattraper ces prochains jours. Mouratova est à l’honneur à la Cinémathèque Française jusqu’au 20 octobre, et cinq de ses films ressortent dès ce mercredi 2 octobre en salles. Tour d’horizon d’un talent qui ne ressemble à aucun autre…
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• Brèves rencontres (1967)
Le pitch : Valentina est souvent confrontée à la corruption des constructeurs. Elle aime Maxim, un jeune géologue perpétuellement absent. Nina, la jeune femme de ménage qu’elle emploie, n’est pas non plus insensible aux charmes du jeune homme…
Pourquoi le voir ? : Brèves rencontres occupe une place spéciale pour Mouratova qui considère ce film comme son premier long métrage. Celui-ci se distingue déjà par ses idées formelles et son étrange structure impressionniste.
• Les Longs adieux (1971)
Le pitch : Evguenia, séparée de son mari, élève seul son fils Sacha. Devenu adolescent, le garçon souffre de l’excès d’amour d’une mère possessive. Après un été passé chez son père dans le Caucase, il exprime le souhait d’aller vivre avec lui…
Pourquoi le voir ? : Les Longs adieux a pour particularité de ne jamais être là où on l’attend. Le ton, la caméra et le travail sur le son surprennent en permanence dans ce film extrêmement curieux.
• Parmi les pierres grises (1983)
Le pitch : En Pologne. XIXe siècle. Vassia, le fils du juge, vient de perdre sa mère. Son père se renferme dans sa souffrance et le garçon, livré à lui-même, traîne dans la ville et ses abords. Il devient l’ami d’un petit garçon très pauvre, Valiok, qui vit dans les sous-sols d’une église en ruines…
Pourquoi le voir ? : On vous a dit que Les Longs adieux était curieux ? Parmi les pierres grises l’est encore plus. Le long métrage est peuplé de visions surréelles assez inoubliables : une discussion entre enfants à l’église, une succession de plans sur des visages de poupées inquiétantes, et ce début superbe : un protagoniste qui a les mains sur les yeux, un gamin dans un arbre et la lumière entre les branchages…
• Changement de destinée (1987)
Le pitch : Une femme du monde tue son amant. Elle cherche à présenter ce crime comme un acte de légitime défense et cache ses relations réelles avec la victime, aussi bien à son mari qu’à son avocat. Celui-ci, au cours de l’enquête, scrute attentivement les circonstances de la tragédie…
Pourquoi le voir ? : Voici un nouvel ovni (très haut) perché, à la grande dimension poétique. On évoquait le beau début de Parmi les pierres grises, on peut ici citer les dernières étranges et superbes images de Changement de destinée avec son cheval noir au galop.
• Le Syndrome asthénique (1989)
Le pitch : À la fin de l’ère soviétique, le système tombe en miettes, ceux qui l’ont porté et ceux qui y ont résisté aussi. Une femme en deuil, un écrivain qui ne parvient plus à rester éveillé et bien d’autres personnages nous conduisent à travers un monde en perte de sens…
Pourquoi le voir ? : Primé à la Berlinale, ce film-fleuve de plus de 2h30 et un impressionnant bloc de granit noir de désespoir. Peut-être pas le Mouratova par lequel commencer, mais le film témoigne de la liberté de la cinéaste et son absence de compromis.
Nicolas Bardot
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