A voir en ligne | Critique : Dakini

Le détective Kinley enquête sur la disparition d’une nonne bouddhiste. Il forme une alliance houleuse avec la principale suspecte, Choden, une femme séduisante considérée par les villageois comme une “démone ». Au fil des histoires que lui raconte Choden sur les Dakinis passées (des femmes éveillées, bouddhistes de pouvoir et de sagesse), Kinley croit entrevoir la résolution de l’enquête. Il devra cependant succomber aux charmes de Choden et à ses croyances surnaturelles.

Dakini
Bhoutan, 2017
De Dechen Roder

Durée : 1h58

Sortie : 24/10/2018

Note : 

LA DÉESSE

C’est ce à quoi ressemblent les comètes : il faut se pincer pour croire que Dakini est le premier long métrage d’une jeune réalisatrice venue du Bouthan et qui semble sortie de nulle part. Son film est un thriller qui emprunte volontiers les voies du merveilleux. Dakini détourne les codes du film noir avec ses détectives en perdition, ses femmes fatales, ses flics pourris, ses énigmes nébuleuses… et déplace le décor des trottoirs de la ville occidentale aux forêts hantées du Bhoutan. Dechen Roder (lire notre entretien) a visiblement de l’ambition à revendre et s’en donne les moyens pendant une bonne partie du long métrage.

Si le décor est inédit, c’est également le cas de ce ton à part. Dakini s’ouvre sur quelques gentils et mignons miaou de chats. Mais le film va vite prendre une tournure mystique. Kinley, flic, doit enquêter sur un crime lugubre et plus particulièrement sur une suspecte, trop belle pour être honnête, et que les villageois ont tôt fait de désigner comme une sorcière. L’un et l’autre s’aventurent dans des bois magiques et la séance d’hypnose débute. De conte en conte, de légende en légende, l’imaginaire se déploie et certains moments sont visuellement à couper le souffle.

Porté par une grâce assez surnaturelle, Dakini pourrait n’être que ça, un étrange poème qui envoûte comme son héros est envoûté par la beauté, le mystère et ses vertiges. Roder se concentre davantage sur la résolution dans la seconde partie du film – avec plus de difficultés narratives et nettement moins de rythme. Mais malgré les défauts évidents qui sèmeront probablement une partie du public, il y a un premier essai débordant d’envie, qui ne ressemble à pas grande chose d’autre, et qui a le pouvoir ici ou là de nous emmener où il veut. A n’en pas douter, une révélation à suivre.


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par Nicolas Bardot

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