Le jeune Bobby et son ami Akkun vont explorer une montagne aux alentours de leur village. Ils vont y découvrir Violence Voyager, un parc d’attraction ignoré de tous, mais qui semble encore ouvert.
Violence Voyager
Japon, 2017
De Ujicha
Durée : 1h23
Sortie : 23/04/2021 (blu-ray)
Note :
DES ATTRACTIONS DÉSASTRE
Un jeune protagoniste vaillant mais têtu, des animaux l’aidant dans sa quête, une mystérieuse forêt qu’on ne doit pas traverser la nuit, un paradis trop parfait pour être honnête à portée de main (ici un parc d’attraction privé, entièrement à disposition), une punition pour qui aura cédé à la tentation de prendre le chemin interdit … Violence Voyage ne fait pas semblant : on est ici bel et bien en plein conte. Mais pas le genre de conte de fée plein d’émerveillement et de bienveillance. Plutôt le genre à mettre en scène sans fard les pires peurs enfantines (peur des adultes, de la nuit qui tombe, de se perdre, d’être dévoré). Si la mort et la torture d’enfants sont des figures classiques des contes avec lesquels on grandit, cela reste paradoxalement une frontière dont le cinéma d’horreur ne s’approche que très rarement.
Pourtant, quoi de plus innocent que cette animation délicieusement désuète en papiers découpés et peints à la main (un travail minutieux qui a d’ailleurs nécessité 3 ans de préparation). Que pourrait-il bien arriver de terrible quand chaque personnage n’est qu’une silhouette aux mouvements saccadés et limités ? Pleine de contraintes techniques, cette technique d’animation se révèle particulièrement évocatrice, rappelant aussi bien les poupées de papier en deux dimension que les gros pixels des jeux vidéos période Atari (une délicieuse double régression!).
De plus, les visages des personnages se retrouvent étrangement figées dans une perpétuelle stupeur, comme des poupées désarticulées dont les ressorts seraient prêts à sauter. L’inquiétude est présente dès que l’on comprend que ces figurines-là sont justement trop fragiles, propices à toutes les malformations. Les fans d’horreur se rappellent peut-être que dans Freddy 5 – L’enfant du cauchemar, le croque-mitaine transformait justement une de ses victimes fan de comics en personnage en deux dimension, pour mieux le découper de ses doigts.
Ujicha n’y vas pas de main morte avec les blessures physiques, les détails gores, et l’horreur corporelle en général. Et lorsque du « vrai » sang ou d’autres fluides viennent éclabousser les personnages de carton, l’effet n’est pas seulement glaçant, il est aussi saisissant que si l’on passait soudain de la 2D à la 3D. Une brève perte de repère qui traduit bien l’ambiance particulièrement angoissante du film : avec un pied dans un registre enfantin et l’autre dans une terreur éprouvante, Violence Voyager parvient à recréer le malaise propre aux cauchemars enfantins, à la fois merveilleux et horribles, fascinants et féroces. Une réussite rare.
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par Gregory Coutaut