Léo, 22 ans, se vend dans la rue pour un peu d’argent. Les hommes défilent. Lui reste là, en quête d’amour. Il ignore de quoi demain sera fait. Il s’élance dans les rues. Son cœur bat fort.
Sauvage
France, 2018
De Camille Vidal-Naquet
Durée : 1h39
Sortie : 29/08/2018
Note :
LE GARÇON SAUVAGE
Il y a quelque chose de sauvage dans le premier long métrage du Français Camille Vidal-Naquet, de sauvage oui mais d’aussi très doux. Du moins, une quête de douceur pour ce héros écorché, post-ado de 22 ans mais dont la gueule semble avoir déjà souffert. Vidal-Naquet raconte le quotidien d’un jeune homme prostitué et n’en fait pas une étude sociologique. On ne sait pas de quel milieu vient Léo, on ne sait rien de ses parents et le jeune homme laisse un silence à ce sujet lorsqu’on l’interroge dans un cabinet médical. Sauvage n’est pas marketé pour les Dossiers de l’écran et cela constitue déjà une qualité.
Léo, dans la première scène, est pourtant ausculté, comme on s’attend alors à ausculter sa vie dans les marges. C’était en fait un jeu sexuel, un leurre. Si certains de ses camarades semblent jouer de la mise en scène de soi, le protagoniste de Sauvage semble plus trouble, plus candide. « Toi t’es fait pour être aimé », lui lance t-on de façon un peu lourde – le film, heureusement, évite en général ce surlignage artificiel. Il est vivant, comme cette caméra portée qui régulièrement transperce l’image d’un zoom. Mais l’essentiel de ce qui palpite est ailleurs.
Aperçu rapidement dans le court métrage Les Îles de Yann Gonzalez (visible cet été dans l’anthologie Ultra Rêve) et vu dans 120 battements par minutes, Félix Maritaud est, dans le rôle principal, la révélation éclatante de Sauvage. L’acteur semble s’investir jusqu’au bout des ongles dans ce rôle ambivalent et livre une performance à la fois subtile, physique, forte et fragile dans ce récit d’une marginalité queer. Son regard hante le film, on sent son cœur battre et cet acteur-là est effectivement fait pour être aimé.
>>> Sauvage est à voir sur la page vod de Outplay
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par Nicolas Bardot