SWIMMING WITH SHARKS

On est tenté de vérifier à plusieurs reprises que Lucky Strike (Beasts Clawing At Straws pour son titre international) est bel et bien le premier long métrage de son réalisateur Kim Yong-Hoon (lire notre entretien), car ce polar fait preuve d’une telle dextérité et d’une telle maîtrise qu’il semble signé par un cinéaste aguerri. On connaît certes depuis des années l’efficacité diabolique de ce cinéma coréen-là, mais Lucky Strike reste une (excellente) surprise.

Le point de départ du long métrage est assez archétypal : un sac Vuitton rempli de billets, et toute une galerie de protagonistes qui gravitent autour. Kim construit peu à peu un labyrinthe d’intrigues et compose un conte moral parfaitement immoral. D’une grande dimension ludique, cette histoire de requins qui se dévorent entre eux sait rendre le macabre fun et est aidé en cela par la qualité de son casting. En tête, la toujours géniale Jeon Do-Yeon (actrice entre autres de Secret Sunshine), qui délivre une prestation d’inoubliable garce, une femme fatale qui est plutôt du genre à éteindre sa clope dans une flute à champagne et qui irradie l’écran à chacune de ses charismatiques apparitions. Quand Jeon lance un « ici, c’est moi la boss », on est tout à fait prêt à la croire.

Chaque plan de Lucky Strike est un régal pour les yeux. Le soin apporté à la lumière, aux décors, aux couleurs, est remarquable. Le film est sans cesse baigné par des enseignes lumineuses et on a effectivement le sentiment d’être hypnotisé par les rayons et les bruits d’un rutilant casino. Le crescendo de Lucky Strike est absolument jubilatoire et achève de faire de cette petite merveille un crowpleaser assez irrésistible.

>> Lucky Strike est visible en vod sur UniversCiné

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